Un rapport remis au ministre de l'Education préconise la fusion des rectorats académiques, pour correspondre aux contours des nouvelles régions. A Amiens, on s'inquiète d'une éventuelle délocalisation à Lille, synonyme de la perte d'une nouvelle responsabilité.
L'éventuelle fusion des rectorats d'Amiens et de Lille, dont nous vous parlions il y a quelques jours, fait réagir François Ruffin. Le député (LFI) de la Somme a adressé une question écrite au ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer pour l'interpeller sur le sujet.
"Disons-le tout net : il serait pour nous inacceptable que le rectorat déménage d'Amiens à Lille", écrit François Ruffin.
Cet éloignement de nos interlocuteurs susciterait une évidente colère, un sentiment d'abandon : désormais, lorsqu'une décision de votre ministère tomberait, ne nous conviendrait pas, il faudrait bloquer une journée quasiment, deux heures de route à l'aller, autant au retour, et bien sûr sans que des cortèges puissent accompagner les porte-paroles.
Pour le député, ce déménagement s'apparenterait à une rupture du dialogue, jusqu'ici possible, avec le rectorat. Ce serait également un coup supplémentaire porté à la Picardie, qui connaît déjà "un choc industriel de grande ampleur", et qui a déjà connu "un choc symbolique important" avec la fusion des régions : "le nom de Picardie rayé d'un trait de plume, depuis Paris et avec mépris".
François Ruffin termine par un avertissement : "nous ne nous laisserons pas faire. Et nous sommes convaincus que, en la matière, la solidarité des élus de tous bords, des habitants de toutes sensibilités, sera inconditionnelle et puissante."
Un projet "complètement fou" pour Alain Gest
Dès le 17 mai, la maire d'Amiens Brigitte Fouré et le président d'Amiens Métropole Alain Gest ont de leur côté annoncé vouloir être reçus par Emmanuel Macron. "Si une telle réforme devait voir le jour, l’Etat n’aurait d’autre choix que de choisir Amiens pour siège du nouveau rectorat", déclarent-ils. Invité dans notre JT, Alain Gest soulignait toutefois sa désapprobation face au projet, qualifié de "complètement fou" : "ça va devenir un monstre ce rectorat."
Vote au conseil régional
Ce jeudi 24 mai, le conseil régional des Hauts-de-France va faire voter un voeu contre la fusion des deux rectorats. "Je pense qu'il sera voté avec une très large majorité", nous explique Brigitte Fouré, rappelant que cela avait été le cas pour le vote contre la fusion des cours d'appel.
Le même jour, la maire d'Amiens fera voter lors du conseil municipal un voeu réclamant que l'éventuel rectorat unique soit à Amiens. Même si, là encore, elle estime "inimaginable" une telle fusion : "Je ne vois pas ce qui irait en faveur de cette fusion, explique-t-elle. Elle ne génèrerait même pas d'économies, mais plutôt des frais de transport."
La fusion des rectorats, et l'inquiétude qu'elle suscite, est une question nationale : en Nouvelle-Aquitaine par exemple, les rectorats de Poitiers et Limoges pourraient disparaître, pour un rectorat unique à Bordeaux.
Depuis la fusion entre la Picardie et le Nord-Pas-de-Calais, Amiens a déjà perdu son statut de capitale régionale. Et si elle a conservé les directions de l'agriculture et celle du sport et de la jeunesse, beaucoup de décisions sont désormais prises à Lille : Amiens a ainsi perdu l'ARS, l'INSEE ou encore la DRAC.